Il y a une chose que je n’ai pas encore vraiment réussi à réaliser et comprendre, c’est le point de non retour : le jour où tout a dégringolé.
Cela faisait quelques temps que je n’allais pas bien. Mais il y a des gens qui ont des problèmes et qui vivent toute leur vie avec, sans que ça pose plus de problème que cela, et qui ne terminent pas dans des états comme j’ai été.
C’est la métaphore de l’élastique, qu’on tire, encore un peu, un tout petit peu, encore juste un chouilla.
Ou encore celle du précipice, ou l’on peut faire un pas, encore un pas, un tout petit pas, quelques centimètres encore.
Ce jour-là, quelque chose a changé. Il n’y a pas eu une déchirure clair. Il n’y a pas eu un événement en particulier.
Je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il se passait. Pourquoi le moindre truc me mettait dans des états terribles alors que 2 jours plus tôt, c’était pas ça. Je ne comprenais pas pourquoi les choses m’impactaient tellement alors que normalement pas.
J’étais devant mon ordinateur avec une incapacité totale de faire quoi que ce soit. Je savais ce qu’il y avait à faire, je savais comment le faire. J’étais juste incapable de le faire, incapable de me mettre en mouvement, complètement paralysée.
C’est l’élastique qu’on tire, petit à petit, on continue de tirer, on peut toujours tirer un tout petit peu plus. Le jour où ça pète, on ne peut plus revenir en arrière, on ne peut pas revenir à l’état précédent.
C’est le précipice duquel on se rapproche, tout doucement, encore un petit peu. Le jour où on tombe, on ne peut pas remonter au niveau où on était avant.
Quand on se met en colère, ça monte et ça descend. Quelque part, on revient à un état « normal ».
Sauf que dans ce cas-là, on ne peut pas revenir en arrière, on ne peut pas reculer d’un pas. L’élastique cassé vous a propulsé ailleurs, dans un autre état qu’un état normal. Ce n’est pas un reset du système non plus. Lorsque vous êtes au fond du ravin, vous ne pouvez pas faire le petit pas en arrière qui vous a fait tomber en vous disant, « non, non, d’accord, j’ai compris, je vais prendre soin de moi ».
C’est juste trop tard.
Il y a une vrai rupture dans la continuité et l’évolution des choses. C’est déstabilisant car c’est inexplicable. Le corps dit stop, la tête dit stop. On ne peut plus « redescendre » ou « revenir en arrière ». C’est comme si on était dans un monde parallèle où les choses ne fonctionnent plus comme on a l’habitude….
J’étais complètement perdue, je ne me reconnaissais pas, je ne me comprenais plus.
Quand vous êtes avec quelqu’un et que celui ou celle-ci commence à vous maltraiter, vous accepter la première fois, puis une seconde, puis une troisième. Jusqu’au jour où vous n’en pouvez plus et vous claquez la porte.
Ce que j’ai ressenti, c’était ça, sauf que la personne qui me maltraite, c’est moi-même.
Je me suis maltraitée et j’ai accepté ma propre maltraitance jusqu’au jour où mon corps a dit stop. Quelle partie a dit stop ? Je ne sais pas. Je ne pense pas que c’était le cerveau, lui il aurait pu continuer. C’était peut-être le corps. Je suis crispée en permanence, et j’avais des maux de dos quelques jours avant mon craquage. C’était peut-être l’émotionnel. Le fait que j’étais dans un état où je pleurais tout le temps pour un rien.
Au final, le résultat est le même… Et ça a été un mal pour un bien.
Laly
[…] Cela fait longtemps que je n’ai pas écrit. […]