J’ai fait part à ma psy du sentiment de culpabilité que j’éprouvais.
Le fait que j’ai un arrêt de travail et que je sois absente et que ce soit mes collègues qui doivent faire mon travail à ma place. Je suis désolée de les surcharger et de les mettre dans une situation difficile par ma faute, par mon absence. C’est ma conscience professionnelle, c’est mon amitié envers elles, c’est le fait d’être pas bien, c’est plein de choses à la fois.
Ma psy a été hyper rationnelle et m’a dit : la culpabilité part d’un choix de pouvoir faire une chose et de décider de ne pas la faire.
Rationnellement parlant, je ne dois pas culpabiliser car je ne suis pas en état de travailler. Si j’y retourne et que je ne suis pas sortie de cette « situation de crise » et que je n’ai pas assez évolué, grandi ou réfléchi, ça va continuer de péter, de plus en plus fort.
Mais à côté de la raison, il y a tout ce que j’éprouve comme sentiments, pas forcément rationnels donc, que je dois gérer, analyser et comprendre.
C’est une sensation inconfortable. Même si je n’ai rien fait de mal. J’ai juste pensé à moi d’abord, à ma santé. Je n’ai pas causé de dégâts, ni blesser quelqu’un, je n’ai pas de faute à corriger.
Pourtant j’ai la sensation que je dois m’excuser, et je me suis excusée auprès de mes collègues. Cela me peine qu’elles soient surchargées par ma faute, par mon absence.
Cette culpabilité est une sorte de punition que je m’inflige à moi-même. Je suis encore en déni, et je dois corriger cette croyance irrationnelle de me dire que j’aurais pu continuer, et que tout allait bien. Je me suis mise des standards complètement irréalistes et être en maladie va complètement à l’encontre de ceux-ci.
Il y a aussi une part de honte : ne pas avoir su gérer mes problèmes, et que la conséquence se répercute sur les autres. Je me sens nulle, incompétente, faible, et incapable. Et ça fait mal.
J’ai peur d’etre rejetée à mon retour au boulot, que mes collègues m’en veuillent. Alors j’évite de les contacter pour ne pas subir les éventuels reproches. Et de l’autre côté, j’ai envie de les contacter pour me justifier et leur assurer que je ne fais pas semblant.
Et je suis completement perdue au milieu de tout cela.
Avec la dépression, le mal ne se voit pas. Ce n’est pas un nez qui coule ou un bras cassé. Alors j’ai l’impression que je dois me justifier et montrer que je ne vais pas bien.
Je me dis que le confinement est arrivé au bon moment : mes collègues ont été mises en chômage technique. Elles n’ont donc pas été aussi surchargées par rapport à une situation normale. La situation est donc un peu plus facile à accepter pour moi… et pour elles.
Aujourd’hui, je sais que je n’ai pas pu faire autrement. Cependant, je ne peux m’empêcher de penser que si je m’étais occupée de moi-même avant, nous ne serions pas dans cette situation-là. Mais en étais-je seulement capable ? C’est une question à laquelle je n’ai pas de réponse.
Laly
[…] j’étais tendue. Revoir mes collègues qui ont dû faire mon job pendant plus de 3 mois, qui doivent continuer à le faire puisque j’ai changé […]