« Je n’ai besoin de personne… »

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Avoir téléphoné à mon médecin et demandé de l’aide a été pour moi un besoin, un cri du coeur. J’étais dans une impasse et je ne savais plus du tout quoi faire.

Lorsque je suis rentrée du travail ce jour-là, j’étais en pleurs, je tournais en rond chez moi et je ne voyais aucune solution. J’ai souvent eu des conseils de mon entourage qui me recommandaient de « me mettre en maladie ». Mais ce n’était pas du tout mon style. Après tout, était-ce si grave ? Ne pouvais-je pas gérer la situation toute seule ?

Visiblement, à ce moment-là, je n’en étais plus capable. Et j’ai pris rendez-vous avec mon médecin.

Cela n’a rien de grave, et pourtant, cela a été l’étape la plus difficile et je l’ai vécue comme un échec. Cela veut dire ne pas pouvoir me débrouiller toute seule, être faible, être incapable de régler mes propres problèmes.

Dans ma tête, dans ma conception des choses, je n’ai besoin de personne, je ne dois avoir besoin de personne. Je dois être indépendante et parfaitement capable de tout faire toute seule.

Besoin d’aide…

« Je n’ai besoin de personne et je peux tout faire tout seule » est une carapace que je me suis construite au fil des années. Un mécanisme de défense.

Je suis la petite dernière d’une grande fratrie. Et dès mon plus jeune âge, il y a des « vérités » qui s’insinuaient dans mon crâne.

L’aîné de mes frères est le chouchou de ma mère. Elle le vénère parce qu’elle le trouve vraiment très intelligent. Et elle a tout fait pour lui, pour lui donner ses chances de faire ce qu’il aimait et dans quoi il était bon. Les meilleures écoles, les bourses, etc. Et comme le travail avait été fait pour lui, et bien le reste de la famille a dû suivre sa trace, indépendament de notre volonté et/ou de notre attrait au domaine.

Mon grand frère a tout fait pour nous. C’est grâce à lui que j’en suis là aujourd’hui, je ne serai rien sans lui. Il m’a facilité la vie. Nous n’aurions rien pu faire sans lui.

Et en plein milieu d’études qui ne m’intéressaient pas, j’ai changé d’orientation, au grand désespoir de ma mère qui semblait penser qu’il y avait peu de chances que j’y arrive toute seule.

…ou pas ?

Un autre de mes frères s’est enfermé dans le triangle de Karpmann. Il me disait toujours « Tu devrais faire ci, tu ne dois pas faire ça, etc ». Puis il prenait l’initiative de faire les choses à ma place, parfois par la force, malgré mes protestations.

Il sait mieux que moi. Il a lu des bouquins, il sait de quoi il parle.

Et puis il me demandait de l’argent pour les services rendus, argumentant que son temps n’était pas gratuit. Cela générait des disputes sans fin, des insultes, et on ressortait les dossiers vieux de 20 ans. C’était toujours la même histoire. Et je n’arrêtais pas de lui dire « Je n’ai pas besoin de toi, je suis parfaitement capable de me débrouiller toute seule ! »

Deux personnes se tenant la main
Photo by Rémi Walle on Unsplash

Avec ces histoires et ces fausses « vérités », j’ai littéralement tordu mon raisonnement et ma réalité.

Demander de l’aide veut dire que c’est les autres qui dirigent ma vie. Demander de l’aide, c’est me mettre dans des problèmes dont je n’arriverai pas à me dépatouiller.

Ce n’est pas vrai !

Nous ne sommes pas équipés pour tout faire tout seul. C’est pourquoi nous vivons en société : certains savent, d’autres savent d’autres choses. Ce que nous pouvons faire, nous devons le faire seul – nous ne sommes pas des assistés. Cependant, quand nous ne savons plus faire, il est NORMAL de demander de l’aide à quelqu’un qui sait. Nous ne pouvons pas tout savoir.

Et il faut demander de l’aide à la bonne personne, pas à n’importe qui.

Ce que je dois encore tenter de comprendre et de corriger, c’est que j’adore aidé les autres, j’adore leur montrer comment on fait telle ou telle chose, mais je ne suis incapable d’accepter l’aide en retour.

Laly

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